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Nabila Mounib, secrétaire générale du Parti Socialiste Unifié | Menara

Rencontrée dans le réfectoire des  profs de la faculté des sciences Hasan II de Casablanca. Nabila Mounib, SG du Parti Socialiste Unifié (PSU), s’est prêtée avec générosité au jeu des questions réponses que lui a proposé Menara à  l’occasion de la célébration de la journée internationale de la femme. Universitaire émérite, Mounib est  Professeure de biologie à  la même université. Elle donne d’elle l’image de la militante très à cheval sur ses principes. Une image qui n’enlève rien à son attitude joviale et avenante. Cela ne l’empêche pas de dire sa façon de penser en toute circonstance.  Elle n’hésite pas à formuler des critiques virulentes à l’adresse de ceux qu’elle juge responsables d’une régression annoncée de la situation de la femme. Pour elle, la question de la femme au Maroc est bafouée, alors qu’elle est intimement liée à la démocratie.  Interview 

Menara: Que vous inspire cette journée du 8 mars ?

Eh bien, cela me rappelle que dans notre pays les droits de la femme sont en régression, et ce, malgré les amendements de la constitution  de juillet 2011, qui dans l’article 19 reconnait l’égalité entre les hommes et les femmes, qu’elle soit d’ordre civil, politique ou encore économique. Je dirais même plus. Aujourd’hui, nous avons peur de perdre les acquis de la femme.

Menara: Nombreux sont pourtant ceux qui profitent de cette journée pour mettre en avant les avancée en matière de droits de la femme…

Qu’ils arrêtent de nous parler du 8 Mars. Ce que nous attendons, c’est l’effectivité de ces droits. Entre ce que la Constitution stipule et l’application qui en ait faite, il y a un immense vide. Je rappelle à ce titre que la législation nationale doit se conformer aux traités internationaux. Ce qui n’est pas le cas, alors même que le Maroc a signé de nombreux traités internationaux qui défendent cette égalité hommes-femmes, dont la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Il n’y a pas de volonté de faire avancer la question de la femme, il n’y a donc pas de volonté de faire avancer la vraie démocratie. La question de la femme est au cœur de la construction de la démocratie

Menara: Vous pensez que les politiques ne suivent pas ?

La question de la femme devrait être une priorité pour tous les partis qui se respectent. Or, la plupart des partis politiques n’ont pas de vison claire pour la question de la femme.

Menara: Quelle est votre appréciation sur le volet de la femme dans le bilan du gouvernement actuel?

Le gouvernement actuel ne comporte qu’une seule femme. Cela d'autant plus que l'apprcohe de ce gouvernement de la question de la femme est pour le moins que l'on puisse qualifier d'archaïque. Bien plus que conservatrice, elle est régressive. Ce qui se passe actuellement dans le monde arabe soulève des craintes, du fait notamment de la montée des courants islamistes, qui sont conservateurs. Les questions concernant la femme sont pour eux secondaires. Ils ont la conviction que la place de la femme se trouve dans son foyer. Ces principes sont à l’opposé de ce que nous défendons au sein du PSU. On ne peut construire un état démocratique sans femmes, parce que la démocratie, c’est le gouvernement du peuple pour le peuple, or la femme constitue la moitié de ce peuple. Etre démocratique, c’est avoir la moitié des élus femmes.

Menara: Certains rejettent cette l’idée, argant que ce principe du quota est contraire à l’idée même de démocratie.  Y-a-t-il des raisons d'être optimistes chez nous? 

C’est un débat vieux de vingt ans qui a interpellé les pays démocratiques avant que nous nous aussi on s'y intéresse. Car, même dans ces pays, qui ont une grande culture démocratique, on s’est rendu compte que la femme n’avait pas pleinement sa place et qu’elle méritait d’être épaulée pour y parvenir.  

Il existe dans notre pays des forces progressistes et démocrates qui se doivent de préparer le terreau pour ensuite faire accepter ces idée; ce terreau on se doit de le préparer à l’école, qui est aujourd’hui en plein échec et qui véhicule des valeurs rétrogrades. Ce terreau doit aussi être préparé autour des médias qui sont aujourd’hui contrôlés et qui véhiculent une image négative de la femme.

Menara: Le fait de parler du 8 mars ne contribue-t-il finalement pas à faire avancer les choses ?

La question de la femme devrait être une question de tous les jours, pas d’une seule journée qu’on oublie par la suite. Ce 8 mars est un peu l’arbre qui cache la forêt. Or il n’y a pas de volonté pour faire avancer la question de la femme, il n’y a donc pas de volonté de faire avancer la vraie démocratie. Nous disposons de tous les moyens pour faire progresser la situation de la femme. Maiis faut-il seulement pouvoir utiliser ces moyens. Il n’y a pas de volonté franche pour aller de l'avant dans ce domaine.  On nous dit qu’il faut y aller doucement, que tout l’on va arracher quelque chose tous les mille ans. Nous traversons aujourd’hui, avec les soulèvements arabes, une ère de rupture avec les anciennes pratiques. Mais c’est avant tout une société égalitaire qu’il va falloir construire.