Si c'est la troisième fois que des femmes étaient candidates au Parlement depuis qu'elles ont obtenu le droit de vote et d'éligibilité en 2005, lors des deux précédents scrutins, en 2006 et
2008, aucune n'avait été élue.
Seize femmes figuraient cette fois parmi les 210 candidats en lice dans les cinq circonscriptions électorales pour ces élections anticipées convoquées après la dissolution du Parlement en mars
par cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, en raison de querelles à répétition entre des législateurs et le gouvernement.
Les candidates libérales Aseel al-Awadhi et Rula Dashti, qui ont toutes deux fait leurs études aux Etats-Unis, font partie des dix députés élus.
Deux autres femmes, Massuma al-Mubarak et Salwa al-Jassar, diplômées aussi d'universités américaines, ont gagné dans deux autres circonscriptions.
"C'est une victoire pour les femmes du Koweït et pour la démocratie koweïtienne. C'est un bond en avant"
Mme Awadhi à l'AFP.
Cette dernière, agée de 40 ans, titulaire d'un doctorat de l'Université du Texas et professeur de sciences politiques à l'Université de Koweït, a indiqué avoir l'intention de consacrer son
action au Parlement à l'économie, à la santé, à l'éducation et aux droits des femmes.
Mme Dashti, docteur en économie de l'Université Jon Hopkins des Etats-Unis et présidente de la Société économique du Koweït, a été à la pointe du combat en faveur de l'égalité et des droits des
femmes, qui représentent 54,3 % des 385.000 électeurs du pays.
La troisième gagnante, Mme Mubarak, une libérale, est entrée dans l'histoire en devenant la première femme ministre du Koweït, en 2005. "Je vais travailler à garantir les droits sociaux des
femmes après qu'elles aient gagné leurs droits politiques", dit-elle.
L'indépendante Salwa al-Jassar a qualifié le moment d'historique.
"Elles ont gagné leurs sièges au Parlement par le biais des urnes et non grâce à un système de quota"
Salwa al-Jassar.
Le Koweït, qui détient 10% des réserves pétrolières mondiales et produit 2,2 millions de barils/jour, compte 3,44 millions d'habitants, dont 2,35 millions d'étrangers qui n'ont pas le droit de
vote.
Ça change au Koweit ?
Premières femmes élues députées, mais aussi recul des islamistes : les Koweïtiens ont voté pour le changement aux législatives du week-end.
Signe de cette volonté de changement, les électeurs ont envoyé 21 nouveaux députés au Parlement de 50 sièges, et sanctionné la mouvance islamiste sunnite. Cette dernière a ainsi vu sa
représentation passer de 21 à 11 sièges et certains de ses candidats ont été élus difficilement.
Les grandes tribus, qui forment la moitié de la population, ont gagné 25 sièges mais peu de leurs élus sont islamistes.
L'analyste politique Nasser al-Abdali estime que la composition du prochain cabinet sera déterminante pour les futurs rapports avec le Parlement, à la racine de l'instabilité politique.
"Si la composition du gouvernement (habituellement dominé par les membres de la famille régnante des Al-Sabah) ne change pas fondamentalement, ce sera le retour aux crises politiques", a-t-il
déclaré à l'AFP.